Utente:Gloria sah/fói ed pròva 2
Soquànt giurnêl antîg francéś
[modifica | mudéfica la surzéia]- L'Aérophile 1893-1947
- L'Album 1821-1823
- Almanach de France, puis "et du Musée des Familles" 1833-1905 (avec des lacunes)
- Almanach illustré du Petit Parisien, 1908-1933
- L'Ami du peuple 1789-1793
- L'Ami de la religion et du Roi, journal ecclésiastique politique et littéraire 1814-1821, 1823-1861.
- Les Annales politiques et littéraires, revue populaire paraissant le dimanche, 1883-1939, 41 années disponibles : 1883-1884, 1886-1887 & 1892-1928.
- Annales du Sénat et de la Chambre des Députés 1876-1880
- L'Artiste, 1831-1904
- L'Assiette au Beurre
- L'Atelier 1840-1850
- L'Aurore, 1897-1916
- La Baïonnette 1915-1919
- La Revue blanche 1891-1903
- Bulletin de la Ligue populaire pour le repos du dimanche en France 1889-1910
- Bulletin des lois de la République française 1789-1931 (avec des lacunes)
- Bulletin municipal officiel de la ville de Paris 1882-1945
- Bulletin de la papeterie 1877-1905
- La Caricature 1881-1904
- La Caricature morale, politique et littéraire 1830-1835
- Le Caveau
- Ce soir 1937-1939 1944-1945
- La Chanson, Revue mensuelle, Archives de la chanson, Écho des sociétés lyriques, 1878-1880 - Site de la BNF.
- La Chanson, Revue mensuelle, Archives de la chanson, Écho des sociétés lyriques, 1878-1880 - Édition photographique canadienne de bien meilleure qualité que celle du site de la BNF.
- Le Charivari 1832-1937
- La Chronique des arts et de la curiosité : supplément à la Gazette des beaux-arts 1861-1862, 1864-1867, 1873-1878, 1880-1914, 1916-1922
- Le Constitutionnel 1819-1914.
- Le Courrier français Novembre 1906 - Février 1909
- Le Cri de Paris 1913-1916 1918-1919
- La Croix 1880-1944
- Cyrano 1924-1936
- Le Daguerréotype théâtral 1849-1852
- Les Dimanches de la femme 1922-1927 1929-1938
- Le XIXe siècle 1871-1921
- L'Écho des jeunes 1893-1905 & 1908
- L'Écho de Paris 1884-1938
- L’Écho de la fabrique 1841-1845 Lyon
- L'Écho lyrique, feuille d'annonces, journal littéraire, artistique, théâtral et chantant, paraissant le dimanche, août-octobre 1843
- L’Écho de Rouen illustré 1887-1902 1904-1909
- L’Éclipse 1868-1877
- L'Encéphale Journal des maladies mentales et nerveuses 1881-1889
- Études 1945-2000
- L’Étudiant français 1920-1942
- La Feuille du village (Paris) 1849-1851
- Le Figaro 1826-1840, 1854-1942
- Le Figaro supplément littéraire du dimanche 1876-1895 1905-1914 1919-1929
- Figaro-programme 111 n° - 10 février - 31 mai 1858
- Le fils du Père Duchène illustré 10 n° - 1871
- Floréal. L'hebdomadaire illustré du monde du travail 1919-1923
- La France illustrée, journal littéraire, scientifique et religieux 1898-1899 1907-1910
- La France musicale 1838-1870
- Le Gaulois 1868-1929
- La Gazette 1631-35 1637 1640-51 1653-78 1680-84 1686 1688-91 1693-1706 1708-09 1711-17 1719 1721-22 1724-27 1729-1792
- Gazette des Beaux-Arts 1859-1939
- La Géographie 1900-1935 105 unités disponibles
- Gil Blas 1879-1914 1921-1922 1931 1937-1938 1940
- Le Grelot, journal illustré, politique et satirique 1871-1899
- Le Grillon 1887-1914
- L'Homme libre 1913-1939 1943 1951-1953
- L'Humanité 1904-1939 & 1944
- L'Intermédiaire des Chercheurs et des Curieux
- L'Intransigeant 1880-1909 1910-1943
- Je sais tout 1905-1921
- La Joie de la maison, Journal hebdomadaire illustré 1891-1904
- Le Journal 1892-1944
- Le Journal amusant 1856-1865 1868-1877 1891-1901 1903-1914 1919-1933
- Journal des artistes 1827-1828 1830-1844 1846-1848 1870
- Le Journal comique 10 n° - 1909
- Journal des commissaires de police 1855-1914
- Journal des débats politiques et littéraires 1814-1944
- Le Journal du dimanche 1902-1914
- Journal des économistes 1842-1843 1845 1848-1850 1853-1855 1857 1863-1893 1894-1931 1933-1936
- Journal de l'Empire 1805-1814
- Journal du Havre illustré 1891-1892
- Journal officiel de la Commune de Paris 19 mars au 24 mai 1871
- Journal officiel de la République française 1881-1940 & 1948
- Le Journal pour rire 1851-1855
- Journal pour tous 1855-1856 1867-1878
- Journal des sçavans 1665-1940
- La Justice 1880-1914 1916 1918-1931 1939-1940
- La Lanterne 1877-1928 1980
- La Lice chansonnière 1893
- La Lumière 1851 1853-1867
- La Lune Rousse, 1893-1894, 10 n° édités à Marseille
- Magasin Encyclopédique 1792-1816
- Le Magasin pittoresque 1833-1938, 94 années disponibles : 1833-1918
- Marianne 1932-1940
- Le Matin 1882-1883
- Le Matin 1884-1944
- Le Ménestrel 1833-1940
- Mercure de France 1890-1935
- Le Mois scientifique et industriel 1899-1919 169 n°
- Le Monde illustré 1857-58, 60 à 66, 68 à 71, 73, 82 à 84, 87, 90 à 92, 94-95, 97, 99, 1916 à 1923 1934 à 1940.
- Le Monde illustré, Miroir du monde 1938-1940
- Supplément illustré du Moniteur des Côtes-du-Nord 1899-1901
- Le Moniteur de la papeterie française et de l'industrie du papier 1864-1914 1921-1940
- Gazette nationale ou Le Moniteur universel 1796 et 1799
- Nouveau Mercure galant 1709-1716
- Music Trade Review - Music Industry Magazine 1880 - 1933, 1940-1954
- La Nouvelle Revue 1879-1940
- Le Nouvelliste 1850-1857
- L'Orchestre 1855-56 1859-1911
- L'Ouest Éclair, édition de Rennes 1899-1940
- Paris-soir oct-déc 1924 - janvier-juin 1925 - juillet-septembre 1927
- Le Pavé 15 n° - 1868
- La Petite caricature 1898
- La Petite Lune 52 n° 1878
- La Petite revue 1863-1866
- Le Petit Journal 1863-1944
- Supplément hebdomadaire illustré du Petit journal 1884-1920
- Le Petit journal illustré 1920-1937
- Le Petit Parisien 1876-1940
- Le Petit Parisien, Supplément littéraire illustré 1889-1912
- Le Petit photographe 1901-1904
- La Plume 1891-1911
- Le Populaire 1918-1939 1941-1944
- La Presse 1836-1930, 1932 & 1934-1935
- Psst ! 1898
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- Le Rappel 1869-1930 & 1932-1933
- Révolutions de Paris, dédiées à la Nation 1789-1794
- La Revue 1900-1904
- Revue des deux mondes 1829-1834 & 1836-1930
- La Revue encyclopédique 1891-1899
- Revue historique (Paris) 1876-1942 1945-2000
- La Revue de la presse, gazette des familles 1844-1845
- La Revue diplomatique (Moniteur des consulats) 1879 - 1891-1909 - 1926-1937
- Revue encyclopédique 1819-1833
- La Revue hebdomadaire 1892-1938
- La Revue herboristique 1925-1937
- La Revue historique 1876-2000
- La Revue illustrée 1885-1907 - 1909-1912
- Gazette municipale. Revue municipale 1852-1857
- Revue municipale 1897-1919 1921-1939
- Revue municipale, contenant toutes les matières de droit commun 1841-1842
- La Revue de Paris 1894-1895 & 1899-1940
- La Revue populaire - Journal bi-hebdomadaire illustré 1881-1885
- La Revue des revues 1894-1900
- La Revue 1900-1902 (Ex : La Revue des revues)
- La Revue universelle 1901-1905
- Ric et Rac 1930-1935 1937-1938
- Le Rire 1898-1920 1924
- Rouge-Midi 1930-1944
- La Science française 1890-1900
- La Science illustrée 1887-1905 (incomplet)
- La Semaine des familles 1858-1896
- La Semaine à Paris 1922-1937
- Le Siècle 1826-1927 1930 1932
- Le Sport universel illustré 1891-1936
- Le Temps 1861-1942
- Le Tintamarre 1843-1888 1891 1893 1899
- Bulletin de l'Union des poètes 1856-1865
- L'Univers 1867-1914 1917-1919
- L'Univers illustré 1871-1874, 1876-1881, 1884-1892, 1894-1895
- Le Vieux papier 1900- 1926 42 numéros
- La Voix du Nord clandestine 1941-1943
- Le Voleur illustré : cabinet de lecture universel 1833 1869-1907
- Recueil des arrêts du Conseil d'état 1848-1954
Analyse impressionnante.. C'est un peu long, mais cela mérite d'être lu..
La gauche et la honte d’être soi Jacques Julliard 3 novembre 2019 CHRONIQUE - C’est une inversion spectaculaire, argumente l’historien et essayiste*: toutes les valeurs historiquement défendues par la gauche (nation, laïcité, école républicaine) sont abandonnées par celle-ci aujourd’hui et invoquées par la droite.
La gauche et la droite, c’est fini. C’est de l’histoire ancienne! Tout le monde vous le dit, tous les sondages vous le confirment. Je n’en suis pas si sûr. Je demande à voir dans la durée. Le vieux clivage a survécu à tant d’enterrements! Plutôt, en effet, qu’à une extinction, c’est à une sorte de chiasme, d’échange de rôles, d’«inversion des valeurs» (Nietzsche) entre les deux camps qu’à mon avis on a affaire. L’abandon par la gauche depuis le début du siècle de tout un ensemble de représentations et de principes sur lesquels elle s’était jadis édifiée, au profit d’un nouveau logiciel, hérité de la société américaine et des sciences sociales, constitue un véritable tête-à-queue idéologique, qui laisse sans voix, si l’on ose dire, plus de la moitié de son électorat, cependant que la droite est en train de récupérer tout ou partie de cet outillage mental tombé en déshérence. L’exemple le plus spectaculaire est celui de la laïcité. Si Ferry, Clemenceau, Jaurès, Blum, Mendès revenaient parmi nous, ils n’en croiraient ni leurs oreilles ni leurs yeux. Car jadis et même naguère, la laïcité était par excellence le critère distinctif de la gauche, sinon son ADN, à telle enseigne que dans l’entre-deux-guerres le Parti radical, tombé socialement au centre droit, fut tenu sans conteste, jusqu’au Front populaire inclus, pour une composante de la gauche, parce qu’il était resté laïque.
Islam et laïcité Or, que voyons-nous aujourd’hui? Une gauche mal à l’aise, prise de tortillements, multipliant les détours et les périphrases dès qu’il est question de laïcité, tandis que le ministre de l’Éducation nationale d’un gouvernement macronien, Jean-Michel Blanquer, fait son travail de défenseur de la laïcité, et le fait bien. Essayez le test: jetez le mot «laïcité» dans un cénacle de la gauche respectueuse. Autant parler de corde dans la maison d’un pendu. «Non, mais, ne serait-il pas un peu islamophobe, celui-là?» Car voici la chose dans toute sa simplicité: pour toute cette mouvance, intellectuelle mais très sotte, la laïcité reste de mise quand il s’agit du christianisme ; mais elle devient malsonnante et malvenue dès qu’il s’agit de l’islam! L’affaire est entendue: la laïcité est désormais reniée par la gauche, et défendue par la droite. Cela ne me fait pas plaisir, mais la vérité est la vérité. C’est que cette gauche respectueuse a un problème avec l’islam, et plus précisément avec l’islamisme. Les mêmes qui ne voulaient pas admettre qu’un parti totalitaire comme le communisme fût devenu une religion refusent aujourd’hui de voir qu’une religion totalitaire comme l’islamisme est devenue un parti politique. Mais comme elle ne peut aller jusqu’à adhérer aux croyances qu’elle légitime - des libres penseurs avec le Coran à la main et le tapis de prière sous le bras feraient tout de même étrange figure -, elle n’a de recours que dans le communautarisme. À la place de la République universelle, une mosaïque d’ethnies, de religions, comme autant de camps retranchés. Jadis (et avec quelle vigueur!), les républicains avaient sommé l’Église de France de se mettre en règle avec la laïcité. Ce qu’elle fit, et chacun s’en trouva bien. Cette répudiation de facto de la laïcité par la gauche respectueuse peut s’expliquer par trois raisons, de la plus noble à la moins avouable. Elle considère d’abord que toute injonction faite à l’islam et aux musulmans revient à les «stigmatiser», et que l’invocation de la laïcité par la droite n’est que le faux nez de la xénophobie et du racisme. Mais en vérité, ce raffinement de précautions n’est que la contrepartie de la mauvaise conscience d’une gauche socialo-communiste qui jadis nous précipita dans l’imbécile et hideuse guerre d’Algérie. Hier, elle refusait l’indépendance aux Algériens, en invoquant l’obscurantisme de l’islam ; aujourd’hui, elle pardonne à la bigoterie islamiste pour avoir refusé hier l’indépendance aux musulmans. Enfin, on ne saurait l’oublier, à la veille des municipales, beaucoup de notables locaux ont pour principal souci de s’attirer la clientèle musulmane.
Fin de l’École républicaine De la laïcité à l’éducation, il n’y a qu’un pas. Sur trois points, la gauche «progressiste» a rompu avec la doctrine républicaine de l’École dont les Jules Ferry, les Jean Zay ou encore Alain, le philosophe, avaient fait la base du régime. Une vision simpliste de l’égalité l’amène à placer l’enfant, à la place du savoir, au centre du système ; et substituant la «pédagogie» à l’apprentissage, elle en vient à mettre un signe d’égalité entre l’élève et le maître dans le système scolaire. Enfin, constatant, à la suite de Pierre Bourdieu, que la principale inégalité entre les classes sociales est finalement d’ordre culturel, elle préfère abolir la culture plutôt que de combattre l’ignorance. Voyez Sciences Po! Une sorte de paroxysme vient d’être atteint avec le projet présenté récemment par l’École normale supérieure d’introduire une part de discrimination sociale à rebours dans l’évaluation du savoir, en ajoutant des points supplémentaires au concours d’entrée à l’école sur un mode inversement proportionnel au revenu des parents. Ainsi deux copies semblables pourraient valoir à leurs auteurs des notes différentes selon leur origine sociale. Il en irait donc du savoir comme de la culture: on préfère l’escamoter plutôt que le prodiguer à tous. C’est évidemment plus expéditif et moins coûteux, mais quelle capitulation intellectuelle, quelle régression, quel revirement par rapport à la philosophie des Lumières, dont j’ai cru longtemps que la gauche se réclamait! Qui ne voit que le trait commun à toutes ces «nouveautés», c’est le renoncement à la fonction intégratrice de l’École? Dans le meilleur des cas, on se dirige vers la «république des individus» (Marcel Gauchet), dans le pire, vers une république des quotas, dans laquelle l’égalité est symbolisée par une répartition proportionnelle de tous les groupes, de toutes les communautés, aux sommets de l’État. Mais la double idée de l’universalité du savoir et de l’égalité par le mérite a disparu. Loin de moi la pensée que la droite incline naturellement à lutter contre les inégalités sociales par l’égalité du savoir! Car son ADN économique et social est fondamentalement inégalitaire. Mais je constate que Jean-Michel Blanquer se rapproche de plus près des idéaux de l’École républicaine que les ministres de gauche qui l’ont précédé. Amer constat pour un républicain de gauche.
La nation aux abonnés absents La nation, enfin. Par quelle défaillance de l’intelligence historique des situations une notable partie de la gauche en est-elle venue à faire l’impasse sur cet indispensable creuset des volontés et des espérances? J’exclus naturellement de cette définition Jean-Pierre Chevènement et ses amis, mais aussi François Hollande, qui savent que sans la nation la gauche n’est qu’un couteau sans lame. Mais tous les autres, notamment les intellectuels qui témoignent désormais pour un «sans-frontiérisme» à contresens du reste du monde! La nation, comme la langue d’Ésope, peut être la meilleure ou la pire des choses selon qu’elle sert à discriminer ou au contraire à communiquer avec autrui. Que la gauche ait renoncé à disputer à la droite l’expression du sentiment national est un signe effrayant de son affaissement intellectuel. Comme en témoigne cette Histoire mondiale de la France, sous la direction de Patrick Boucheron, singulier mélange de chronologisme à la papa et de cosmopolitisme à l’esbroufe, sans que jamais le sentiment national y trouve sa part. Au terme de cette rapide revue de concepts familiers, devenus étrangers à beaucoup de ses représentants officiels, on ne peut que se poser la question: faut-il être fidèle à la gauche comme mouvement, ou aux valeurs sur lesquelles elle est fondée? Je n’ignore rien des périls d’un tel dilemme: tant de transfuges de la gauche ont dans le passé justifié leur propre évolution en taxant de trahison ceux qu’ils étaient en train de quitter! Aussi bien n’aurais-je jamais posé la question avec une telle brutalité si je ne m’y étais senti autorisé, voire encouragé par l’évolution du «peuple de gauche» lui-même. Le déclin sur un demi-siècle paraît inexorable: par rapport aux années heureuses de la période Mitterrand, la gauche, selon les scrutins, perd du tiers à la moitié de ses suffrages.
Où sont passés les électeurs de gauche? Quelques rappels chiffrés suffisent à mesurer le phénomène. Après la traversée du désert gaulliste, la gauche, menée pendant trente années par le même homme, François Mitterrand, s’était hissée à un niveau moyen d’environ 45% des voix à l’élection présidentielle, elle a terminé, en 2017, à moins de 28% ; grâce surtout aux 19,58% d’un candidat, Jean-Luc Mélenchon, qui se débat comme un beau diable quand on se hasarde à l’identifier à elle… Quel beau destin gâché! Lors des récentes européennes, socialistes et communistes n’ont rassemblé que 12,7%, une misère. Si l’on y ajoute les débris de l’Insoumission, on parvient à un peu plus de 19% des suffrages exprimés, soit moins du cinquième! À quoi l’on objectera que beaucoup de voix de gauche se reportent désormais sur les écologistes. En effet, le vote écolo n’est pas seulement un vote climatique ; c’est un vote refuge pour des électeurs qui ne savent plus du tout à quoi reconnaître un homme de gauche. Passé au double tamis du communautarisme et des sciences sociales, c’est là un étrange individu qui ne croit plus ni à sa civilisation, ni à sa nation, ni à sa culture, ni à son École, ni à la laïcité, ni à sa famille, et qui n’est même plus très sûr de son sexe. C’est l’homme sans qualités de Musil. Une étrange phobie à l’égard de toute espèce d’identité - le mot lui-même lui paraissant insupportable - l’amène à se désaffilier de tout ce qui jadis faisait sa fierté et sa raison d’être. Orpheline volontaire, fille de personne, comment peut-elle espérer séduire autrui quand elle nourrit une telle haine de soi? En un mot, elle a peur d’être reconnue dans la rue, elle a peur d’exister, à l’image des deux épaves de Beckett: «Hamm. - On n’est pas en train de… de… signifier quelque chose? Clov. - Signifier? Nous, signifier? (Rire bref) Ah! Elle est bonne!» Fin de partie ou fin de parti? On peut s’interroger. Et l’on voudrait que le citoyen normal, qui n’en peut mais, s’identifie à cet ectoplasme anthropologique? C’est se moquer. La gauche, qui comme la droite est éternelle, car elle est une catégorie de l’esprit en société, ne retrouvera son électorat que lorsqu’elle aura retrouvé ses esprits - et ses valeurs…
Et pourtant elle existe Parlons concrètement. Si rien dans les années à venir ne change à gauche, si ses dirigeants, abîmés dans une espèce d’anthropologie négative - comme il y a une théologie négative -, continuent à écouter les professeurs de sociologie plutôt que les classes populaires, le deuxième tour de la présidentielle de 2022 opposera, comme en 2017, un candidat de centre droit, Emmanuel Macron, à une candidate d’extrême droite, Marine Le Pen ou Marion Maréchal. Cela n’est ni souhaitable ni conforme à l’intérêt de la France tout entière. La gauche existe, en dépit de la médiocrité de ses dirigeants actuels ; elle est, au même titre que la droite, l’une des deux catégories essentielles de notre univers politique, un fragment de notre commun patrimoine. Si indigne qu’elle soit aujourd’hui de cette lignée, elle est l’héritière de la philosophie des Lumières, des valeurs de la Révolution de 1789 et des idéaux de la Commune de Paris. Sa disparition, qui n’est plus aujourd’hui impossible, ferait de la France une nation hémiplégique. La démocratie, pour exister, a besoin de l’alternance au pouvoir de deux grandes formations également capables d’assumer son avenir tout entier. Voilà pourquoi la représentation proportionnelle, qui dilue la volonté générale dans l’expression narcissique de la nuance, est un crime contre la démocratie… C’est ainsi qu’une loi électorale perverse en Israël empêche depuis un demi-siècle la paix d’advenir au Moyen-Orient. Voyez encore ses ravages actuels dans toute l’Europe. Voyez l’Italie. Dieu nous en garde comme de la peste brune. Et qu’il nous donne - il est peut-être aujourd’hui le seul à pouvoir accomplir un tel miracle - un chef de la gauche qui ne rougisse pas de ses ancêtres.
- Éditorialiste de l’hebdomadaire «Marianne».